La piqûre - Marie-Christine Horn

source: payot.ch

Lorsqu'elle découvre le corps sans vie de son amant Carlos, artiste-peintre brésilien, Lou est anéantie. Ils s'étaient disputés la veille, alors qu'elle venait lui annoncer sa grossesse (fâchée, elle est repartie sans rien dire). A première vue, l'enquête, menée par l'inspecteur Rouzier, penche pour un suicide - absorption de somnifères puis ouverture de ses veines dans la baignoire. Si les premiers témoignages, à commencer par celui de Lou, décrivent Carlos comme sujet à de fréquentes phases dépressives et quelqu'un de lunatique, Lou n'y croit pas. Car ce dont elle est certaine, c'est que Carlos détestait les drogues et était narcissique; que, s'il s'était réellement suicidé, il aurait laissé un message, il aurait voulu le faire savoir.
- Une dernière question. D'après vous, est-il possible que Monsieur De Andrade se soit adonné à des activités illicites ? (...)
- Le problème, c'est que je n'en sais rien. Rien du tout. J'aimais Carlos de tout mon coeur et il me manque à un point inimaginable. A l'époque, je n'ai pas jugé utile d'en savoir plus sur son passé. Sa présence me suffisait. On passait de bons, de très bons moments ensemble et malgré son côté lunatique, il me rendait heureuse. Durant les phases où il déprimait, il pleurait beaucoup, refusait de manger, il était complètement prostré. Impossible d'en tirer quoi que ce soit. (...) Je n'ai jamais vraiment cherché à comprendre, je me disais qu'il puisait son inspiration dans ses états d'âme. Quand son moral s'améliorait, j'oubliais tout, trop contente de le retrouver. Et puis, j'évitais de lui poser trop de questions. Parce que souvent les réponses étaient inventées et ça m'énervait. J'ai toujours détesté les menteurs. Dans un premier temps, j'ai essayé de le faire changer, qu'il arrête de me prendre pour une idiote, puis j'ai laissé tomber. J'ai compris que ça ne servirait à rien et j'ai eu peur d’insister et qu'on arrive à se séparer. Il faut croire que le psychisme a cela de très fort: si quelque chose va à l'encontre de vos principes, mais que vous n'êtes pas capable d'y renoncer, vous modifiez votre perception pour que les deux s'accordent. C'est ce que j'ai dû faire. (pp. 137-9)

J'ai beaucoup aimé et ce dès les premières pages - ce qui est plutôt rare. Comme toujours avec les auteurs francophones, j'appréhendais les dialogues - à tort et à ma plus grande satisfaction avec cet excellent roman de Marie-Christine Horn. Il est classé dans la catégorie "polar" mais, honnêtement, je parlerais plutôt de roman psychologique. Les personnages sont bien décrits et leurs émotions palpables, ce qu'aide le style fluide.

Je remercie vivement Valette qui m'a offert ce roman à la suite d'un concours organisé sur son blog. J'ai découvert une auteur que je relirai à coup sûr. Je me souviens avoir vu son roman Tout ce qui est rouge, également un policier, sur les étals des librairies, et il est venu allonger ma liste "à lire".

photo: Frédéric Lemail / source: lelivresurlesquais.ch

Marie-Christine Horn (née en 1973 à Fribourg) a également écrit pour la jeunesse et des chroniques pour divers journaux. Elle a reçu plusieurs prix.
Une interview intéressante dans l'émission Entre nous soit dit, le 29.10.2015

(éd. L'âge d'homme, 288 pp., 2017)

Commentaires

Tania a dit…
Je ne connais pas cette romancière, encore un titre à noter bien que j'aie moins de temps pour lire cet été. Bon week-end !
maggie a dit…
Tiens encore une romancière que je ne connaissais pas ! J'avoue que les romans psychologiques ne sont pas ceux que je préfère...
niki a dit…
Cela me semble intéressant comme roman, je verrai car j'ai encore beaucoup à lire 😉
Le monde dÖ a dit…
Une belle idée et une découverte pour moi ! Merci.

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